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 mythes et legendes

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fenderchaton

fenderchaton


Messages : 109
Date d'inscription : 11/08/2010
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MessageSujet: mythes et legendes   mythes et legendes EmptyMar 14 Juin - 21:12

voici un sujet ou nous pourrons y poster tout nos mythes est légendes!!!
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fenderchaton

fenderchaton


Messages : 109
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MessageSujet: Re: mythes et legendes   mythes et legendes EmptyMar 14 Juin - 21:14


Tous les Québecois connaissaisent l'histoire du bonhomme sept heures. Il existe plusieurs différentes versions de ce conte. Pour certains, le bonhomme sept heures est un ogre, pour d'autre, un homme avec des pouvoirs monstrueux. Dans tous les cas cependant, il cherche à kidnapper les enfants qui ne sont pas au lit à 7 heures (19h00). Lorsqu'il repère un enfant désobéissant, il rôde autour de la maison pendant un moment, cherchant l'entrée la plus sûre pour le pas éveiller les soupçons des parents. Il se rend ensuite où se trouve l'enfant et l'emporte avec lui en le mettant dans sa grosse poche. L'enfant serait emporter très loin, dans le repaire du monstre où il sera plus tard dévoré.

Le bonhomme sept heures est la version québecoise du "Boogie man" américain.

Véritablement, l'expression du bonhomme sept heures vient d'une déformation des mots anglais "bone setter". Cette expression signifie un "ramancheur". Le terme étant moins populaire qu'il l'était autrefois, un ramancheur est un médecin (généralement non-qualifié) qui replace les articulations et qui aide à guérir les fractures diverses, les maux de dos... Mais généralement, il replaçais les articulations à leurs places. Les séances étant souvent très douloureuse, ils avaient donc la même réputation que celle qu'on attache souvent aux "arracheurs de dents", les dentistes.

Tout porte à croire que les parents menaçaient d'envoyer leurs enfants voir le "bone setter" si ils n'étaient pas sage. Eux qui, dans la plupart des cas, avait vu leur pauvre père ce faire torturer par cette inconnu, prenaient donc peur et restaient obéissants. Lentement, grâce à la déformation lingustique du mot, le bonhomme sept heures remplaça le "bone setter" qui deviendra donc un personnage mythique de la culture populaire Québecoise.





Références: Contes et légendes populaires du Québec (Marc Lavallé) 1985

Textes ajoutés par Sehrus
Dernière Cette mystérieuse histoire remonte à il y a fort longtemps, à Picardie, dans le Nord de la France, sur une des nombreuses routes de campagnes qui reliaient les petits villages à l’époque.
La nuit venait tout juste de tombée et un homme marchait tranquillement, éclairé par un beau clair de lune, revenant de la ville où il avait été visiter quelques uns de ces parents. Traversant un champ de luzerne, un curieux bruit le tira de ses rêveries. Observant les champs qui bordaient la route, il crût d’abord que c’était un chien. Il l’appela, mais la créature ne fit aucun son. Il se dit alors que cela devait être un oiseau ou un rat. Il continu donc sa route, mine de rien, jusqu’au moment où, entendant de nouveaux bruits, il eut la désagréable sensation d’être encerclé, les bruits venant quelques fois du champ se trouvant à sa gauche et ensuite des longues herbes qui se trouvaient à sa droite.
Accélérant le pas, il continua à regarder partout alentour de lui lorsque soudain, un bête blanche, qu’il n’avait jamais aperçu, lui passa entre les deux jambes et se mit tourner rapidement autour de lui, sans pour autant lui obstruer le chemin. L’homme augmenta encore sa cadence, pris de frayeur, il tenta de frapper l’animal avec son bâton. La mystérieuse bête blanche évita facilement ses coups et continua à tourner alentour de notre voyageur. Ce petit manège dura longtemps, l’homme essayant désespérément d’assommer la bête qui, elle, continuait à éviter les coups avec une facilité déconcertante.
Arrivé à l’entrée du village, l’homme exténué remarqua avec stupéfaction que la bête qui le suivait se transformer en homme. Mais le pauvre paysan n’était pas au bout de ses peines, à peine la transformation fût terminée, le mystérieux inconnu passa aux cotés de notre voyageur en une fraction de seconde et disparut à l’autre bout du village.
L’homme ne comprit jamais ce qui lui était arrivé et la bête blanche de Picardie restera à jamais un mystère, une légende incomprise et mystérieuse. À l’époque, les gens croyaient que cette apparition était le vilain tour d’un lutin ou d’une autre de ce type de créatures féeriques, plusieurs théories de l'époque sont aussi en faveur d'une manifestation de loup-garou, la lycanthropie étant une croyance répandue à l'époque.
Vous avez probablement, vous aussi, entendu des bruits étranges si vous avez déjà marcher des les champs, après la tombée de la nuit. Les bêtes monstrueuses et sanguinaires ont marquées l’imaginaire de la France, les textes suivants sont aussi présentés sur Dark Stories et risquent d’intéresser les gens qui s’intéressent aux mystérieuses bêtes qui hantèrent la France.


modification: Mercredi 1Le monstre qui terrorisa le sud de la France








La rumeur se répandit comme la foudre. Dans toute la Haute-Loire, région du sud de la France, les gens se déplaçaient avec défiance et verrouillaient leur porte pour se protéger du démon malveillant qui rôdait dans la campagne à la nuit tombée. Le corps d’une jeune fille avait été découvert à l’orée de la forêt de Mercoire, à quelques kilomètres au sud de Langogne, littéralement déchiqueté. Le loup avait encore frappé…

On disait que la bête responsable de ce méfait était d’un autre monde, avait la taille d’un taureau, de grandes griffes dures comme de l’acier et des oreilles pointues ressemblant aux cornes du diable. Son poil était rougeâtre, avec une bande noire sur l’échine – du moins – c’est ce que les gens disaient, car, bien sûr, personne ne l’avait vue ou n’avait survécu à cette vision pour en parler. Mais chacun disait connaître quelqu’un qui avait vu la bête.

La première victime du loup fut une fillette de 14 ans retrouvée égorgée le 3 juillet 1764. Une semaine plus tard, ce fut le tour d’une autre. En août, la bête dévora presque entièrement un garçon de 15 ans et en septembre comptaient deux nouvelles jeunes filles, une femme et un autre garçon. Ces atrocités se déroulèrent toutes dans la région boisée du Gévaudan, et dans chacun des cas, le cœur de la victime avait été dévoré.

Fin septembre, les habitants de Gévaudan sont en proie à la terreur. Les loups s’attaquent généralement aux moutons et au bétail, mais rarement à l’homme – ou alors seulement au cœur de l’hiver quand la faim les rend féroces.

En réponse à un appel désespéré du maire de la ville, 40 dragons arrivent à Langogne et ratissent pendant plusieurs jours les bois du Gévaudan sans repérer de loup. Les gens commencent à respirer, peut-être la bête a-t-elle quitté la région.

Puis, le premier jour d’octobre, une enfant de 12 ans est attaquée et sauvagement mutilée près de sa maison dans la région de Saint-Chély-d’Apchier. Le 7 octobre, deux petites filles sont encore tuées ; une semaine plus tard, c’est le tour d’une femme de vingt ans.

Le gouverneur de Languedoc donne l’ordre d’interdire aux femmes et aux enfants de travailler seuls aux champs, et organise une battue de grande envergure pour capturer la bête. Les semaines suivantes, des soldats et des paysans armés tuent plusieurs loups – mais aucun qui ne ressemble à la bête. Désespérés, les habitants du Gévaudan sont de plus en plus convaincus que la bête ne vient pas de ce monde et qu’on ne peut rien faire contre elle. La neige se met à tomber en flocons serrés, mettant fin aux battues.

Le 12 janvier 1765, la bête connaît sa première défaite près de Villeret-d’Apchier. Conduit par un enfant de 12 ans, André Portefaix, un petit groupe attaque la bête en essayant de la toucher aux yeux. L’un d’entre eux l’atteint à la mâchoire et l’oblige à lâcher prise. Finalement, saignant de ses profondes blessures, l’animal prit la fuite. Le soulagement du peuple fut toutefois de courte duré. Avant la fin janvier, comme enragée par sa défaite, la bête ajouta cinq victimes à sa liste. Le roi promit 6 000 livres à celui qui en viendrait à bout.

Le 7 février 1765, 20 000 hommes – tous ceux capables de porter une arme – convergent vers le Mont-Grand où la bête a été aperçue. Un bataillon de dragons la force à sortir de sa réserve et la rabat vers la rivière Truyère où attend un groupe de paysans. Malheureusement, ces derniers s’étant postés au mauvais endroit, la bête parvient à rejoindre l’autre rive à la nage et disparaît dans les bois.

Elle réapparaît une heure plus tard. Les mousquets font feu et la couche sur le flanc. Mais elle se relève et gagne la forêt en boitant. Les poursuivants sont toutefois certains de l’avoir touchée à mort. Aucune créature de chair et d’os ne peut survivre à une telle volée de plomb. Pourtant, moins de vingt-quatre heures plus tard, la bête décapite une jeune fille. Dans la neige où repose son corps, elle n’a laissé aucune trace.

Les gens superstitieux du Languedoc se sont désormais fait à l’idée que la bête est l’instrument du diable et qu’aucun mortel n’a le pouvoir de l’abattre. Pour ne rien arranger, l’église s’en mêle et déclare que le loup a été envoyé par Dieu pour punir les paysans de leurs péchés. Le pays est en deuil ; une atmosphère sinistre règne. Les gens vaquent furtivement à leurs occupations, aiguillonnés par la peur. Pendant ce temps, dans le seul mois de Mars, la bête tue huit autres personnes.

Le 7 avril, après des mois de recherches infructueuses, les dragons quittent Langogne. Comme pour célébrer l’évènement, la bête égorge une jeune bergère de 17 ans. Le 30 avril, après avoir fait trois autres victimes, elle est touchée à deux reprises par un chasseur à proximité de Saint-Alban. Elle s’échappe, laissant une mare de sang derrière elle, mais, quelques heures plus tard, une femme de 40 ans est tuée.

La bête s’enhardit chaque jour davantage, rôdant dans les rues des villages à la tombée de la nuit, grondant devant les portes barricadées. Les gens murmurent qu’elle se déplace sur les pattes de derrière, comme un homme et un nom terrible commence à circuler de bouche à oreille, un nom que personne n’osait prononcer : loup-garou!

Puis, en mai, l’espoir revient. Pendant presque trois semaines, aucune nouvelle victime n’est signalée. Après tout, la bête est peut-être mortelle. Peut-être que le plomb des mousquets l’avait mortellement touchée. Mais cet espoir fut bientôt anéanti. Le soir du 19 mai, dans les bois de Servilange, la bête attaque une vieille femme et lui dévore le cœur. Et le 24 mai, elle compense sa période d’inactivité en tuant pas moins de quatre personnes en une seule journée. En juin, la terreur est à son comble, car la bête frappe plusieurs fois à proximité des habitations.

Pendant ce temps, le roi Louis craint chaque jour davantage que la terreur des paysans ne se change en révolte. En juillet, il nomme le Maître de la Chasse royale – Monsieur Antoine – à la tête de 20 gardes et lui donne l’ordre d’en finir avec cette bête du Gévaudan, dut-il y laisser sa vie. Si les paysans furent impressionnés par les uniformes des gardes, il n’en alla pas de même pour la bête qui, le 9 août au soir, tua une laitière sous les fenêtre du Château de Besset où séjournait justement Monsieur Antoine.

Une nouvelle et sensationnelle rumeur enflamma les campagnes. La bête était bien un loup-garou et l’on affirmait que l’homme qui se changeait en créature infernale avait été capturé. Il s’appelait Jean Chastel et vivait en ermite dans la forêt. Il avait été autrefois fait prisonnier par les Maures, en Afrique du Nord, et ceux-ci l’avait torturé et transformé en créature bancale, tant au physique qu’au moral. Chastel occupait cette partie de la forêt où l’on savait que la bête se terrait. Un beau jour, Monsieur Antoine le dénicha. Non seulement l’homme refusa de répondre aux questions, mais il poussa un hurlement de rage et se jeta sur son interlocuteur. Les gardes s’en saisirent et le jetèrent en prison pour plusieurs semaines.

On raconte que l’arrestation de Chastel mit fin aux tueries. Vrai ou faux, toujours est-il que Chastel fut relâché le 1er septembre et que le lendemain une jeune fille fut mise en pièces. Le 9 septembre, le cadavre mutilé d’une autre jeune fille est découvert, et deux jours plus tard, un muletier est attaqué et tué. Le 13 septembre, une fillette de 12 ans disparaît et les gens qui partent à sa recherche ne trouvent que son bonnet et ses sabots.

Antoine fait venir des chiens de chasse de Paris et organise une nouvelle battue pour capturer la bête mais, bien qu’il réussisse à tuer un gros loup, tout le monde sait qu’il ne s’agit pas de la bête. Déshonoré, il plie bagages début novembre et quitte le Gévaudan pour ne plus jamais y revenir.

Un mois s’écoule, la bête frappe à nouveau, attaquant deux bergères et tuant l’une d’entre elles. Le 10 décembre, c’est le tour d’une autre jeune fille et onze jours plus tard, une enfant répondant au nom d’Agnès Mourgues est dévorée. Ce qu’il reste d’elle est si dérisoire que le curé juge inutile de procéder à un enterrement.





La chasse à la créature diabolique se poursuit, et c’est désormais un jeune noble, le marquis d’Apchier, qui en prend le commandement. A la tête de 90 hommes, il part en battue chaque dimanche matin dans les forêts du voisinage, mais revient toujours bredouille.

Le 4 mars 1766, à la tombée du jour, la bête attaque et tue le petit Jean Bergougnioux, 9 ans, qui rentrait les vaches de son père pour la traite. Dix jours plus tard, Marie Bompard, 8 ans, subit le même sort dans les bois de Liconesse.

En désespoir de cause, le marquis ordonne à des hommes d’abattre une douzaine de chiens, puis d’en empoisonner les carcasses et de les disséminer dans les bois. Des nombreux animaux meurent, mais la bête n’en fait pas partie. Le 17 avril, une petite fille de 6 ans est dévorée près de Clavières, puis un garçonnet de 10 ans subit le même sort quelques semaines plus tard.

On ne rapporte aucune tuerie entre le 4 juin 1766, date à laquelle une jeune fille est décapitée, et la fin du mois d’août de la même année. Chacun ose espérer que la bête s’est lassée de ses terribles faits. Entre septembre 1766 et mars 1767, on enregistre en moyenne une tuerie par mois. Mais ce même mois de mars accuse une résurgence brutale. Huit personnes périssent, toutes dans les environs de la même paroisse. Le mois suivant, l’horreur se répète dans différents villages.

Le 19 juin 1767, une petite armée s’enfonce une fois de plus dans la forêt, bien décidée à poursuivre la bête jusqu’à n’en plus pouvoir. Parmi ses hommes se trouve Antoine Chastel, le père de Jean Chastel, lequel était retourné dans les bois pour échapper à la vengeance de ceux qui affirmaient qu’il était mi-homme le jour et bête la nuit.

Alors qu’il s’enfonce dans la forêt en suivant la colonne des rabatteurs, Antoine Chastel serre son mousquet contre son cœur. Cette arme est chargée avec un projectile en argent, fabriqué par ses soins. Débouchant sur une grande clairière, Chastel s’assied sur une souche d’arbre et attend en feuilletant son livre de prières. Les bruits de la chasse s’éloignent et un inquiétant silence tombe sur les bois.

Soudain, Chastel a la sensation d’être observé. Levant la tête, il éprouve un sentiment de griserie mêlé de peur. Le moment est enfin venu. En bordure de la clairière, la bête se tient immobile. Lentement, avec des gestes délibérés, Chastel referme son livre de prières qu’il glisse dans sa poche. Puis, un genou à terre, il pointe son mousquet sur la bête, s’appliquant à viser l’endroit vulnérable, juste derrière la patte avant gauche. L’écho de la détonation se répercute d’arbre en arbre. Quand la fumée se dissipe, la bête gît sur le flanc et l’herbe tout autour est éclaboussée de sang.

Chastel s’approcha prudemment et observa la bête. Elle était certes de bonne taille, mais guère plus grosse qu’un loup mâle ordinaire. Le plus terrifiant est que même morte elle respirait la cruauté et la férocité. Chastel resta perplexe devant la dépouille de l’animal. S’agissait-il vraiment d’un loup? Les pattes étaient trop épaisses et sa poitrine était trop large. En outre, l’extrémité des pattes avaient une forme allongée et comptait une griffe supplémentaire. La fourrure rougeâtre était rayée d’étranges bandes noires et arborait une marque blanche en forme de cœur sur sa poitrine.

Aujourd’hui encore, soit plus de deux siècles après que le projectile en argent d’Antoine Chastel mit fin à l’existence de cette créature, la véritable nature de la bête du Gévaudan reste enveloppée de mystère. Nombreux sont ceux qui estimèrent que l’animal mystérieux tué par Chastel n’avait rien à voir avec la bête. Il n’en demeure pas moins que les tueries cessèrent après le 19 juin 1767.

Combien de personnes furent tuées pendant ces trois années de terreur, on ne le saura jamais avec précision. Les annales de la région en dénombrent au moins 75. Et il faut ajouter à cela 30 personnes grièvement blessées ou mutilées. Certains témoins continuèrent de soutenir que la bête était un loup-garou, mais, si telle est la vérité, celle-ci n’avait rien à voir avec le fils d’Antoine Chastel, Jean, car ce dernier réapparut quelques jours plus tard, définitivement blanchi de toute accusation. Il se peut aussi que la bête fût un caprice de la nature alliant une ruse proche de l’intelligence humaine et un corps d’une force exceptionnelle. Mais, quelque soit la vérité, les légendes ont la peau dure dans cette terre du languedoc pétrie de superstitions et celle de la bête, qui y laissa son empreinte sanglante, n’échappe pas à cette règle.


Voici, selon nous, la plus sinistre des visions de la peur. C’est aussi la plus répandue ; je crois qu’on la retrouve en tous pays.
Autour des mares stagnantes et des sources limpides, dans les bruyères comme au bord des fontaines ombragées dans les chemins creux, sous les vieux saules comme dans la plaine brûlée du soleil, on entend, durant la nuit, le battoir précipité et le clapotement furieux des lavandières fantastiques. Dans certaines provinces, on croit qu’elles évoquent la pluie et attirent l’orage en faisant voler jusqu’aux nues, avec leur battoir agile, l’eau des sources et des marécages. Il y a ici confusion.

L’évocation des tempêtes est le monopole des sorciers connus sous le nom de « meneux de nuées ». Les véritables lavandières sont les âmes des mères infanticides. Elles battent et tordent incessamment quelque objet qui ressemble à du linge mouillé, mais qui, vu de près, n’est qu’un cadavre d’enfant. Chacune a le sien ou les siens, si elle a été plusieurs fois criminelle. Il faut se garder de les observer ou de les déranger ; car, eussiez-vous six pieds de haut et des muscles en proportion, elles vous saisiraient, vous battraient dans l’eau et vous tordraient ni plus ni moins qu’une paire de bas.
Nous avons entendu souvent le battoir des laveuses de nuit résonner dans le silence autour des mares désertes. C’est à s’y tromper. C’est une espèce de grenouille qui produit ce bruit formidable. Mais c’est bien triste d’avoir fait cette puérile découverte et de ne plus pouvoir espérer l’apparition des terribles sorcières, tordant leurs haillons immondes, dans la brume des nuits de novembre, à la pâle clarté d’un croissant blafard reflété par les eaux.
Cependant, j’ai eu l’émotion d’un récit sincère et assez effrayant sur ce sujet.

Un mien ami, homme de plus d’esprit que de sens, je dois l’avouer, et pourtant d’un esprit éclairé et cultivé, mais, je dois encore l’avouer, enclin à laisser sa raison « dans les pots », très brave en face des choses réelles, mais facile à impressionner et nourri, dès l’enfance, des légendes du pays, fit deux rencontres de lavandières qu’il ne racontait qu’avec répugnance et avec une expression de visage qui faisait passer un frisson dans son auditoire.
Un soir, vers onze heures, dans une « traîne » charmante qui court en serpentant et en bondissant, pour ainsi dire, sur le flanc ondulé du ravin d’Urmont, il vit, au bord d’une source, une vieille qui lavait et tordait en silence.
Quoique cette jolie fontaine soit malfamée, il ne vit rien là de surnaturel et dit à cette vieille :
– Vous lavez bien tard, la mère !
Elle ne répondit point. Il la crut sourde et approcha. La lune était brillante et la source éclairait comme un miroir. Il vit alors distinctement les traits de la vieille : elle lui était complètement inconnue, et il en fut étonné, parce que, avec sa vie de cultivateur, de chasseur et de flâneur dans la campagne, il n’y avait pour lui de visage inconnu, à plusieurs lieues à la ronde. Voici comme il me raconta lui-même ses impressions en face de cette laveuse singulièrement attardée :
– Je ne pensai à la légende que lorsque j’eus perdu de vue cette femme. Je n’y pensais pas avant de la rencontrer. Je n’y croyais pas et je n’éprouvais aucune méfiance en l’abordant. Mais, dès que je fus auprès d’elle, son silence, son indifférence à l’approche d’un passant, lui donnèrent l’aspect d’un être absolument étranger à notre espèce. Si la vieillesse la privait de l’ouïe et de la vue, comment était-elle venue de loin toute seule laver, à cette heure insolite, à cette source glacée où elle travaillait avec tant de force et d’activité ? Cela était au moins digne de remarque ; mais ce qui m’étonna encore plus, c’est ce que j’éprouvai en moi-même. Je n’eus aucun sentiment de peur, mais une répugnance, un dégoût invincibles. Je passai mon chemin sans qu’elle détournât la tête. Ce ne fut qu’en arrivant chez moi que je pensai aux sorcières des lavoirs, et alors j’eus très peur, j’en conviens franchement, et rien au monde ne m’eût décidé à revenir sur mes pas.

Une autre fois, le même ami passait auprès des étangs de Thevet, vers deux heures du matin. Il venait de Linières, où il assure qu’il n’avait ni mangé ni bu, circonstance que je ne saurais garantir. Il était seul, en cabriolet, suivi de son chien. Son cheval étant fatigué, il mit pied à terre à une montée, et se trouva au bord de la route, près d’un fossé où trois femmes lavaient, battaient et tordaient avec une grande vigueur, sans rien dire. Son chien se serra tout à coup contre lui sans aboyer. Il passa lui-même sans trop regarder. Mais à peine eut-il fait quelques pas, qu’il entendit marcher derrière lui, et que la lune dessina à ses pieds une ombre très allongée. Il se retourna et vit une de ces femmes qui le suivait. Les deux autres venaient à quelque distance comme pour appuyer la première.
– Cette fois, dit-il, je pensai bien aux lavandières maudites, mais j’eus une autre émotion que la première fois. Ces femmes étaient d’une taille si élevée, et celle qui me suivait de près avait tellement les proportions, la figure et la démarche d’un homme, que je ne doutai pas un instant d’avoir affaire à de mauvais plaisants de village malintentionnés peut-être. J’avais une bonne trique à la main, je me retournai en disant :
« – Que me voulez-vous ?
« Je ne reçus point de réponse, et, ne me voyant pas attaqué, n’ayant pas de prétexte pour attaquer moi-même, je fus forcé de regagner mon cabriolet, qui était assez loin devant moi, avec cet être désagréable sur les talons. Il ne me disait rien et semblait se faire un malin plaisir de me tenir sous le coup d’une provocation. Je tenais toujours mon bâton, prêt à lui casser la mâchoire au moindre attouchement, et j’arrivai ainsi à mon cabriolet, avec mon poltron de chien, qui ne disait mot et qui y sauta avec moi.
« Je me retournai alors, et, quoique j’eusse entendu, jusque-là, des pas sur les miens et vu une ombre marcher à côté de la mienne, je ne vis personne. Seulement, je distinguai, à trente pas environ en arrière, à la place où je les avais vues laver, les trois grandes diablesses sautant, dansant et se tordant comme des folles sur le bord du fossé. Leur silence, contrastant avec ces bonds échevelés, les rendait encore plus singulières et pénibles à voir. »
Si l’on essayait, après ce récit, d’adresser au narrateur quelque question de détail, ou de lui faire entendre qu’il avait été le jouet d’une hallucination, il secouait la tête et disait :
– Parlons d’autre chose. J’aime autant croire que je ne suis pas fou.
Et ces mots, jetés d’un air triste, imposaient silence à tout le monde.Il n’est point de mare ou de fontaine qui ne soit hantée, soit par les lavandières de nuit, soit par d’autres esprits plus ou moins fâcheux. Quelques-uns de ces hôtes sont seulement bizarres. Dans mon enfance, je craignais beaucoup de passer devant un certain fossé où l’on voyait les « pieds blancs ». Les histoires fantastiques qui ne s’expliquent pas sur la nature des êtres qu’elles mettent en scène, et qui restent vagues et incomplètes, sont celles qui frappent le plus l’imagination. Ces pieds blancs marchaient, dit-on, le long du fossé à certaines heures de la nuit c’étaient des pieds de femme, maigres et nus, avec un bout de robe blanche ou de chemise longue qui flottait et s’agitait sans cesse. Cela marchait vite, et en zigzag, et, si l’on disait : « Je te vois !... Veux-tu te sauver ! », cela courait si vite « qu’on ne savait plus où ça avait passé ». Quand on ne disait rien, cela marchait devant vous ; mais, quelque effort que l’on fît pour voir plus haut que la cheville, c’était chose impossible. Ça n’avait ni jambes, ni corps, ni tête, rien que des pieds. Je ne saurais dire ce que ces pieds avaient de terrifiant ; mais, pour rien au monde, je n’eusse voulu les voir.

Il y a, en d’autres lieux, des fileuses de nuit dont on entend le rouet dans la chambre que l’on habite et dont on aperçoit quelquefois les mains. Chez nous, j’ai ouï parler d’une « brayeuse » de nuit, qui « brayait » le chanvre devant la porte de certaines maisons et faisait entendre le bruit régulier de la « braye » d’une manière qui « n’était pas naturelle ». Il fallait la laisser tranquille, et, si elle s’obstinait à revenir plusieurs nuits de suite, mettre une vieille lame de faux en travers de l’instrument dont elle avait coutume de s’emparer pour faire son vacarme : elle s’amusait un moment à vouloir broyer cette lame, puis elle s’en dégoûtait, la jetait en travers de la porte et ne revenait plus.
Il y avait encore la « peillerouse » de nuit, qui se tenait sous la « guenillière » de l’église. « Peille » est un vieux mot français qui signifie haillon ; c’est pourquoi le porche de l’église, où se tiennent, pendant les offices, les mendiants porteurs de peilles, s’appelle d’un nom analogue.
Cette « peillerouse » accostait les passants et leur demandait l’aumône. Il fallait se bien garder de lui rien donner ; autrement, elle devenait grande et forte, de cacochyme qu’elle vous avait semblé, et elle vous rouait de coups. Un nommé Simon Richard, qui demeurait dans l’ancienne cure et qui soupçonnait quelque espièglerie des filles du bourg à son intention particulière, voulut batifoler avec elle. Il fut laissé pour mort. Je le vis sur le flanc, le lendemain, très rossé et très égratigné, en effet. Il jurait n’avoir eu affaire qu’à une petite vieille « qui paraissait cent ans, mais qui avait la poigne comme trois hommes et demi ».
On voulut en vain lui faire supposer qu’il avait eu affaire à un « gars » plus fort que lui, qui, sous un déguisement, s’était vengé de quelque mauvais tour de sa façon. Il était fort et hardi, même querelleur et vindicatif. Pourtant, il quitta la paroisse une fois qu’il fut debout et n’y revint jamais, disant qu’il ne craignait ni homme ni femme, mais bien les gens qui ne sont pas de ce monde et qui n’ont pas le corps fait « en chrétiens

4 juin 2006
Il y a dans la commune de Gréville trois vallons parcourus chacun par un ruisseau qui se rend à la mer. Entre deux ce sont des hauteurs qui se terminent par des falaises. La première de ces vallées venant de Cherbourg est celle du Hubilan, qui était autrefois le domaine favori des fées, lLa seconde est la vallée du Câtet, qui aboutit près du trou de Sainte-Colombe.

La troisième est le Val-Ferrand, qui aboutit à la mer en un endroit qu’on appelle le Douet-du-Moulin. Ce vallon est le plus boisé et le plus sauvage des trois. Il a aussi sa légende.

Le vallon est profond. A mi-hauteur, du côté est, S’élève une habitation perdue au milieu de grands arbres; derrière et à côté, des jardins et des champs en pente rapide; dans la vallée même, un moulin. C’est très pittoresque, mais très isolé. Les maisons les plus voisines sont à près d’un kilomètre de là. Quand le moulin marche, quand l’eau qui tombe d’en haut fait tourner les roues à grand bruit, on aurait beau crier, on ne serait pas entendu.
C’est ce qui arriva au milieu du XVIe siècle à un M. de Rikmé, qui était venu s’y établir. Il fut assassiné à coups de hache, et la même hache servit à tuer le meunier dans son moulin. C’était au milieu du jour. Tout le monde était à travailler aux champs.
Personne n’entendit rien, ou du moins si l’on entendit, si l’on vit les meurtriers, qui étaient en même temps des voleurs, personne n’en dit rien. On eut recours, en désespoir de cause, à un moyen qu’¢on employait quelquefois avec succès pour découvrir les crimes cachés. Un dimanche, dans toutes les églises du pays, on lut en chaire un monitoire où les faits étaient relatés et où on sommait, au nom de Dieu, les auteurs, victimes ou témoins du crime, de déclarer ce qu’ils savaient, sous peine, s’ils ne s’exécutaient, d’encourir l’excommunication majeure. Le monitoire était lu trois dimanches de suite, avec un appareil propre à frapper les fidèles de terreur. A la fin de la troisième lecture, le prêtre, après avoir adressé une dernière et solennelle sommation à ses auditeurs, jetait à terre le cierge qu’il tenait à la main et l’éteignait en marchant dessus. « Tout est consommé, disait-il, l’excommunication est encourue. Les auteurs du crime, les témoins qui ne se sont pas déclarés sont rejetés de l’Église. »

La terreur fut profonde à Gréville quand le prêtre fulmina cette excommunication, mais personne ne bougea. Les meurtriers ne se trouvaient pas dans l’église; il y avait pourtant dans l’auditoire quelqu’un qui, sans avoir participé au crime, en avait été le témoin involontaire. Si on l’avait regardé, sa pâleur en ce moment aurait pu le trahir, mais personne ne le regarda, et quand il sortit de l’église il était redevenu assez maître de lui-même pour ne pas attirer l’attention sur lui.
Cet individu était un valet de ferme appelé Gliauminot. Il couchait habituellement dans la grange, où il s’était fait un lit dans le blé. Une nuit, comme il dormait - c’était la nuit de Noël, pendant la messe de minuit, au moment où les animaux s’agenouillent, dit-on, dans les étables -, il lui semble tout à coup que quelque chose de lourd se jette sur son dos; il se lève, ouvre la porte et voilà que, malgré lui - il l’a assuré plus tard -, il se met à courir comme un fou à travers les mares, les cavées, les fondrières, les ronces et les buissons, marchant devant lui sans pouvoir s’arrêter, sans pouvoir se diriger et emporté par une force irrésistible. Arrivé à un carrefour à quatre chemins, il se sent cinglé de sept coups de fouet vigoureusement appliqués. Il en est de même à chaque carrefour, mais il ne voit personne. C’est une main invisible qui le frappe.

Il croise plusieurs de ses connaissances; il les reconnaît mais elles ne le reconnaissent pas; il veut leur parler, les sons s’arrêtent dans sa gorge, il ne peut articuler un seul mot. Et puis ces rencontres sont rares. Les chemins par où on le fait courir sont si déserts, si impraticables, que presque personne n’y passe. Gliauminot était valet chez les Vertbois. Un valet qui avait à lui parler alla le chercher à la grange de très bonne heure; il fut étonné de ne pas le trouver, mais il fut bien plus étonné encore quand, au bout d’un moment, il le vit arriver, brisé, éreinté, les mains ensanglantées et crotté jusque par-dessus la tête.

- D’où arrives-tu ? lui dit-il. On dirait que tu viens de porter le varou !

- Eh bien!… tu me promets le secret ?

- Certainement.

- Eh bien! tu as deviné: je viens de porter le varou. Voilà ce que l’excommunication m’a valu. Et j’en ai comme ça pour un mois jusqu’à la Chandeleur. N’en dis rien, surtout, il ne faut pas qu’on le sache. Mais toi, si tu me rencontrais, par hasard - il faut que ce soit par hasard -, sais-tu ce que tu devrais faire ?

- Oui, il faudrait sauter sur toi et te « faire du sang » entre les deux yeux.

- Si le sang coulait, ne füt-ce qu’une goutte, je serais délivré. Seulement il faudrait être très adroit. Si tu ne réussissais pas, ma peine serait doublée.

- Ah! ça, il paraît que vous êtes plusieurs à porter le varou, car voici ce qu’on m’a raconté pas plus tard qu’hier. Au carrefour qui est entre Gréville et Nacqueville, un domestique trouva, la semaine dernière, un habit de bure en bon état, il le prit. Mais la nuit d’après il fut réveillé par une voix qui lui ordonnait de reporter l’habit où il lavait trouvé. Il le reporta. Un homme qui l’attendait là lui dit: « Tu as bien fait de le rapporter, sans cela c’est toi qui aurais couru à ma place. »

- C’est qu’il avait eu trop chaud et qu’on lui avait permis d’ôter ses habits pour mieux courir. Au reste, si je suis coupable, je suis le moins coupable de tous, et il n’est pas juste que je sois puni tout seul.

- Tu sais donc le secret du Vaouferand ?

- Eh bien! oui. J’étais là, pas loin, j’ai tout vu, mais je n’ai pas osé, je n’oserais pas encore le dire. C’est toujours les pauvres qui souffrent des sottises des grands personnages. Ça me fait plaisir d’apprendre que d’autres que moi sont punis.

Le valet fit sa peine, assure-t-on, et ne dénonça personne, si bien qu’on n’a jamais su au juste quels furent les meurtriers de M. de Rikmé.

C’est à environ une quinzaine de kilomètre au sud du Caen, qu’une bête mystérieuse sévit dans la forêt de Cinglais. Ce monstre, que l’on décrit comme une espèce de loup roux, mais au corps davantage allongé et avec la queue pointue qu’un loup commun. L’animal semblait très rapide et avec une agilité incroyable.

La Gazette du 19 mars 1632 rapporte :

«De Caen en Normandie. Le 10 dudit mois de mars de l’an 1632. Il s’est découvert depuis un mois dans la forêt de Singlaiz entre ci et Falaise une bête sauvage qui a déjà dévoré quinze personnes. Ceux qui ont évité sa dent rapportent que la forme de cet animal farouche est pareille à celle d’un grand dogue d’une telle vitesse qu’il est impossible de l’atteindre à la course, et d’une agilité si extraordinaire qu’ils lui ont vu sauter notre rivière à quelques endroits. Aucuns l’appellent Therende. Les riverains et gardes de la forêt lui ont bien tiré de loin plusieurs coups d’arquebuse, mais sans l’avoir blessé. Car ils n’osent en approcher, même se découvrir jusqu’à ce qu’ils soient attroupés comme ils vont faire au son du tocsin; à quoi les curés des paroisses circumvoisines ont invité tous les paroissiens à ce jourd’hui, auquel on fait étant qu’il s’assemble trois mille personnes pour lui faire la huée.»

Les curés rassemblèrent donc les membres des paroisses voisines et organisaient des battues dans la forêt de Cinglais. Les chasseurs et les villageois évitent d’entrer dans la forêt, sauf lorsqu’ils sont plusieurs. Le comte de la Suze pris les choses en mains en juin 1633 en réunissant entre 5000 et 6000 hommes et organisa une gigantesque battue. Cette tentative porta fruit, une bête mystérieuse, similaire à plusieurs témoignages fut tuée, et les massacres cessèrent.

La Gazette du 17 juin rapporte la mort de la créature :
« Cette bête furieuse dont je vous écrivais l’année passée ayant depuis deux mois dévoré plus de trente personnes dans cette forêt passait pour un sortilège dans la croyance d’un chacun. Mais le Comte de la Suze ayant par ordre de notre lieutenant général assemblé le 21 de ce mois 5000 à 6000 personnes, l’a si bien poursuivi qu’au bout de trois jours elle fut tuée d’un coup d’arquebuse. Il se trouve que c’est une sorte de loup plus long, plus roux, la queue plus pointue et la croupe plus large que l’ordinaire.»

La bête de Caen aurait donc tuée une trentaine de personne en un peu plus d’un an. Elle sera finalement identifiée comme étant un loup, mais un grand mystère plane encore autour de cette histoire; le comportement et l’agilité de la bête ne ressemblant en rien à celle d’un loup commun.



Environ 33 ans avant que la célèbre bête du Gévaudan fasse sa première victime, une autre créature similaire avait déjà terrorisée la région de d’Auxerre. Les gens l’appelaient la bête de Trucy, ou encore la bête de l’Auxerrois. Voici son histoire…

C’est donc durant le mois de novembre de 1731 que la première attaque associée à cette bête eue lieu. Un garçon de 12 ans fut attaqué près de Trucy, dans le sud d’Auxerre, alors qu’il travaillait près du bois avec sa mère. Cette dernière réussit courageusement à l’arracher de l’emprise de la bête, mais l’enfant expirera dans les bras de sa mère, sur le chemin du retour. Ensuite, les attaques se succédèrent. La crainte ayant gagnée la région, les paysans toujours armés, organisèrent d’infructueuses battues dans les bois de Trucy. Le roi Louis XV offre une prime de 200 livres à celui qui tuera la bête, des carcasses de moutons empoisonnés sont même lancés dans les champs, mais cela ne donne rien, les morts, en particulier de jeunes enfants, s’accumulent…

Durant les cinq premiers mois, le curé du Val-de-Mercy comptabilise quatorze morts. Les actes ne faisant pas systématiquement référence à la nature du décès, mais tous semblent indiquer que c’est la même bête qui en est la cause.
De nombreux loups sont tués, même si le comportement de la bête ne ressemble en rien à celui du loup. Les rumeurs parlent de loup garou, de loups ou même de démons. Ceux qui prétendaient avoir vu la bête en parlèrent comme étant un grand loup ou un tigre. La bête ne craignait pas de s’aventurer dans les villages. Un jour, dans le village de Mailly-la-ville, un jeune enfant qui jouait devant chez lui fut attaqué et emporté par la bête. Sa nourrice, essayant de l’arracher de la gueule du monstre, il ne lui resta qu’un des pieds (ou un des bras selon d’autres sources) de l’enfant dans la main.

Durant les cinq premiers mois, le curé du Val-de-Mercy comptabilise quatorze morts.

Les actes ne faisant pas systématiquement référence à la nature du décès, à la fin de l'année 1734, on arrive au résultat effrayant de vingt-huit victimes répertoriées. L'identification du prédateur n'est pas chose aisée : les habitants connaissaient bien les loups, nombreux à cette époque, et les descriptifs indiquent bien un animal "façon d'un loup" mais aucun témoin ne précise qu'il s'agissait d'un loup ordinaire. En 1734, deux de ces animaux sont abattus au cours d'une chasse et les agressions cessent peu de temps après. Seulement, aucune indication sérieuse ne permet de savoir si l'un des deux animaux était bien l'auteur du massacre.

La bête de l’Auxerrois aura tué 28 personnes (9 enfants, 9 femmes et 10 hommes). Son règne de terreur durera trois ans et contrairement à la bête du Gévaudan, elle s’attaquera autant aux hommes qu’aux femmes. La majorité des experts s’entendent pour dire qu’il s’agirait véritablement d’une bête sauvage, sans maître et qu’il ne s’agit probablement pas d’un loup.

En 1817, retour dans la forêt des environs de Trucy. Une autre Bête va sévir pendant quelques mois dans le même site que la tueuse, quatre-vingt ans plus tôt. Elle dévore un enfant près de Charentenay, un autre à Fouronnes et attaque et blesse un grand nombre de personnes. Certains pensent que c'est une hyène mais un jeune homme, secourant une fille attaquée à Fontenay la décrit comme un fort mâtin avec les oreilles droites. Pour s'en débarrasser, on place des moutons empoisonnés près des bois où elle se réfugie et la Bête disparaît, sans laisser de trace.

"Dans les derniers mois de l'année 1754 et pendant 1755 et 1756, on parla dans le Lyonnais d'une bête féroce qui s'était fait voir dans plusieurs cantons de nos provinces. Du Lyonnais, elle passa dans le Dauphiné, où l'on fit une chasse générale en plusieurs contrées. De là, elle rentra dans le Lyonnais et l'on assure l'avoir vue près de Thelzé, de Moire, de Fronnac, de Saint-Bel et de l'Arbresle, tous pays montagneux en grande partie couverts de bois et coupés par des vallons caverneux entre lesquels coule la rivière d'Azergues.

L'animal, après s'être avancé dans le voisinage de Roanne, revient vers Saint-Bel et Saint-Germain-sur- l'Arbresle et se jeta de là dans les bois de Savigni. Ici, on en perdit la piste pour quelque temps, mais on n'eut que trop le malheur de la retrouver. L'animal reparut successivement dans presque tous les endroits que j'ai déjà nommés et partout de nouveaux ravages marquèrent ses traces. On compta 17 jeunes hommes, ou jeunes enfants, mordus ou déchirés et même dévorés.

Ceux qui l'aperçurent, ou qui crurent le voir, le représentaient d'une grosseur qui approchait celle du loup, avec des jambes moins hautes, un poil plus rude et la peau mouchetée de diverses couleurs.

Sur ce récit, l'opinion s'établit que c'était une véritable hyène. Mais qui ne sait que la frayeur grossit les objets, ou les défigure entièrement. Le signalement qu'on donna de cet animal carnassier avait, sans doute, été tracé par des Imaginations échauffées. Dans la rapidité de la fuite,- a t'il pu être mesuré de l'oeil avec justesse ? Dans la course, il dut paraître plus bas quel ne l'était en effet. L'agitation de tout son corps faisait dresser les poils et l'on sait enfin que l'éblouissement diversifie les nuances presque qu'à l'infini. Ôtez ces circonstances, au lieu d'une hyène, on n'aura vu qu'un loup.

Les rigueurs excessives de l'hiver de 1754 forcèrent les animaux de cette dernière espèce à chercher, dans les villages ce que la campagne ne leur fournissait plus. D'ailleurs, l'hyène est un animal entièrement étranger à nos climats. Par où aurait il pénétré ? Supposerait-on avec à moindre vraisemblance qu'il eut traversé les espaces immenses qui nous séparent de sa terre natale sans avoir marqué nulle part les traces de son passage ?

Concluons qu'on met trop souvent le merveilleux où il n'y a rien que d'ordinaire."

Ainsi s'exprimait, Alléon-Dulac dans ses Mémoires pour servir à l'histoire naturelle du Lyonnois, Forez et Beaujolois éditées à Lyon en 1765.

Il situait "près de l'Arbresle" une partie des meurtres Imputés à la bête féroce de 1754-1756. Voici les actes de sépulture de trois de ces victimes, documents relatant les circonstances de leur mort.

20 avril 1756 - Saint-Julien-Debibost (8 km au sud-ouest de l'Arbresle).

" Marguerite Penet, de onze ans, née de Jean-Fronçois Penet et de Jeanne Sublion, a été enterrée le 29/4/1756 - faisant paître ses bêtes chez Subtion de l'hameau de Bernay. Deux animaux féroces, l'un comme un gros bidet, tirant sur le rouge, ressemblant a un loup à l'exception qu'il avait une cüe courte, et l'autre gros comme un gros mâtin, mais blanc sous le ventre et une grande cüe longue, le saisirent au gozier et lui endommagèrent tellement le coup, que cette enfant en est morte. Ces animaux ont dévorés quantités de bergers dans le voisinage et cela depuis deux ans. Barbier, curé. "

15 juin 1756 - Saint-Romain-de- Dopey (à quelques kilomètres au nord-ouest de l'Arbresle).

" Étienne, fils de Claude Manus, habitant de Saint-Romain-de-Popey, âgé de six ans, ayant été dévoré par le loup, le quatorze juin 1756, a été enterré dans le cimetière de l'église paroissiale dudit Saint-Romain le quinze du même mois et an que dessus par moi vicaire soussigné, en présence de Claude Manus son père et de Gabriel Durand, sonneur de cloches de la susdite paroisse, qui ont déclaré ne savoir signer de ce requis et sommes Forest, vicaire. "

24 novembre 1756. Montrottier (au sud-ouest de L'Arbresle à 10 km environ au sud de Saint-Romain et à 6 km de Saint-Julien) :

" Anne, fille légitime de Jean Charassin, la dite enfant âgée de neuf ans, ayant été dévorée et mangée à moitié par les bêtes féroces ou loups ou hyènes le vingt novembre, a été enterrée le 24 dudit mois 1756 dans le cimetière de l'église de Montrottier, en présence de Philippe Bretonnière et Pierre Blanc, marguillier, qui ont déclaré ne savoir signer, de ce requis. Bataillord, curé Cie Montrottier "

Cette créature fit son apparition dans les régions d’Ardèche et du Gard en 1809. Les descriptions du monstre varient beaucoup, certains disent qu’il était un loup immense, de la taille d’un âne, possédant une forte crinière et un pelage brun ou roux. D’autres dirent que la créature était complètement noire ou encore que c’était un loup de la taille d’un veau, avec un pelage gris et rouge. Dans la plupart des descriptions cependant, les témoins parlèrent d’un gros ventre, au poil blanc, qui traînait presque sur le sol. Plusieurs croyaient que c’était une louve qui aurait pu venir d’Espagne, même si, encore une fois, le comportement de la bête ne ressemble en rien à celui du loup. Elle avait de grandes oreilles, avec un long museau et une queue bien fournie.

Journal du Gard du 21 octobre 1809 :

"Depuis quelques jours, un animal féroce a répandu la terreur dans le premier arrondissement du Gard. Comme autrefois la Bête du Gévaudan, la Bête des Cévennes exerce aujourd'hui ses ravages dans cette contrée."

Quoiqu’il en soit, la bête tua vingt-neuf personnes, donc dix-neuf enfants. Cependant il est probable que la liste soit en fait plus longue car tous les actes des registres ne mentionnent pas forcément les causes du décès.

Parmi ses victimes, le jeune François Marcy, 7 ans, qui fut dévoré le 8 septembre 1812 à quelques pas de sa maison. Le jeune Augustin Colomb, 8 ans subira un sort similaire, disparut le 9 janvier 1813, on ne retrouva que sa tête. Durant le mois d’octobre de la même année, c’est la petite Rose Henriette Dumas, 7 ans, qui fut dévorée dans les bois.

Son règne de terreur dura sept ans, de 1809 à 1816. Malgré toute les nombreuses battues et les pièges que les villageois posèrent, elle resta insaisissable. Fait intéressant, le mont Lozère, qui semble être le point central de l'affaire des Cévennes a déjà abrité par le passé d'autres monstres du même type : au XVIIème siècle, des attaques de loups contre l'homme furent signalées dans la région de Saint-Julien-du-Tournel. Rappelons que les premières attaques de la Bête du Gévaudan ont été déclarées dans la région de Langogne, aux confins du Vivarais. Ce fut donc un site très producteur de prédateurs féroces.

Cette créature aurait pousser l’audace en allant jusqu’à attaquer un femme de 34 ans qui venait tout juste de sortir de l’église. Elle aurait aussi attaquée des villageois directement dans leurs demeures, allant jusqu’à dévorer les mains d’un enfant se trouvant dans son berceau. La bête de Vivarais a aussi d’autres particularités intéressantes, les épingles se trouvant dans les vêtements de certaines de ses victimes féminines auraient été enlevées et six des cadavres furent retrouvé décapités, le cou semblant avoir été tranché avec une lame. Ce détail rappelle évidemment la bête du Gévaudan qui a sévit en Haute-Loire une cinquantaine d’années auparavant.

A-t-elle été tuée lors d’une battue ? Peut-elle avoir changée de location et devenue la bête de Auxerrois ? Es-ce des crimes maquillés derrière lesquels se cache une intervention humaine ?

Les attaques de la bêtes cessèrent finalement en 1816…
La première apparition de cette mystérieuse bête a été reportée à Domèvre-sur-Durbion, une commune française dans le sud de la France, durant la nuit du 27 au 28 Février 1977. Sept moutons sont mystérieusement retrouvés, égorgés, dans un parc. Cet évènement n’avait rien de vraiment exceptionnel, des chiens errants avaient déjà été responsables de ce genre de carnage, mais des évènements curieux, dans les jours suivant, firent croire au habitant que la région qu’une bête beaucoup plus redoutable qu’un simple chien habitait leur région.

Un mois suivant cette attaque, le 30 mars, une dizaine de bœuf se font attaquer dans la région de Morinville. Le lendemain, une villageoise est témoin de la mort d’une biche, attaquée par une créature étrange. Dans la même nuit, douze autres moutons furent retrouvés mort à Hadigny-les-Verrières. Dans cette même région, environ une semaine plus tard, trente-quatre brebis furent attaquées et furent tuée ou blessée.

Des battues eurent donc lieu… sans succès et les attaques continuèrent. Le 2 avril, une dizaine de moutons furent retrouvés morts dans une ferme de Bouzillon, deux semaines plus tard un jeune taureau se fait étrangler à Domèvre-sur-Durbion et un jeune poulain fut tué vers la fin du mois d’avril, malgré que la jument ait tentée de le défendre.

Pendant une battue du 9 avril, à Domèvre-sur-Durbion, la bête essuya une vingtaine de coups de feu, mais aucun ne l’atteignit. Dans la Revue Lorraine Populaire no 20, nous pouvons lire un texte écrit par Jean-Yves Chauvet, «Quand la Bête de Vosges mangeait tous les moutons», dont voici un extrait:

« Pris dans l’enceinte, amené par les rabatteurs vers la ligne de fusils, il s’arrêtait d’elle à bonne distance et évitait les chasseurs les uns après les autres, immobile et tête levée, il semblait repérer les fusils avec précision, attendant que les rabatteurs arrivent sur lui pour se couler sur le sol, franchir leur formation et, repartant en arrière, échapper à la chasse.»

Toutes les battues (il y en a eu huit durant cette période) et les nombreux pièges ne réussirent pas à déjouer la mystérieuse créature. Les hommes étaient de plus en plus nombreux à participer aux battus et, même si elles ne donnèrent pas de résultats, certains évènements épaissirent le mystère qui entoure la bête des Vosges.

Durant une des battues, quatre chiens policiers, spécialisés dans ce genre de poursuites, refusèrent de suivre les pistes, pourtant très nette, laissées par la bête. Un autre chien, réputé comme étant le meilleur chien policier du pays, fut lancé sur ses traces. Ce dernier accepta de suivre les traces, mais avec une certaine lenteur, et la Bête de Vosges réussit à gagner beaucoup de terrain sur ses poursuivants.

Après s’être cachée dans les bois de Rambervillers-Romont, la bête se dirigea vers le sud-est, dans le territoire du docteur Laflotte, un lieutenant de louveterie. Celui-ci, lorsqu’il apprit que la bête se dirigeait vers chez lui a décidé qu’il ne ferait pas de battue, mais qu’il tendrait des affûts. Il crut qu’une technique différente pouvait donner de meilleurs résultats. La bête avait tuée trois moutons ce soir là et, lorsque sa décision de tendre un piège à la bête fut rendue publique, les attaques de la bête cessèrent aussitôt. Nombreux sont ceux qui crurent que la Bête des Vosges n’était pas un animal sauvage, mais bien l’animal domestique d’un fou.

Huit autres attaques furent répertoriés durant le mois de mai jusqu’au début juin, en tout, 77 moutons furent tués durant cette seule période.

Et soudain, les attaques cessèrent. Selon quelques chasseurs, la bête gagna l’Alsace où elle disparut complètement.

Il eut plusieurs autres évènements similaires jusqu’en 1988. Plusieurs de ces attaques furent associées à la bête, à des loups ou à des chiens errants. Il est difficile, d’un point de vue historique, de découvrir si ces attaques, plus espacés, ont un réel lien avec l’histoire du monstre des Vosges.

Ceux qui ont aperçu la bête la décrive comme ayant un pelage gris-jaunâtre ou rougeâtre, une taille imposante, la queue pendante et les oreilles bien droite. Elle pesait dans les soixante kilos et pouvait atteindre la vitesse de quatre-vingt kilomètres par heure. Le garde-chef Georgel disait que sa corpulence était proche de celle du berger-allemand, mais la jugea beaucoup plus puissante. Les nombreuses empreintes retrouvées mesuraient 80 mm sur 90, mais personne ne su les identifier avec certitude, cependant, le poil retrouvé dans certains barbelés nous permettent d’affirmer que la bête était bien un canidé.

Le mystère entourant cette créature demeure entier. Nous ne savons même pas si ce n’est qu’une seule et même créature qui terrorisa la région pendant près de 11 ans…dapté de contes populaires transmis par Wenceslas-Eugène Dick (1848-1919) et Pamphile Lemay (1837-1918).
Dans le village et les alentours tout le monde savait ce qu'était un loup-garou même si la plupart des paroissiens n'en avaient jamais vu. Les farauds avaient beau crâner parfois quand ils avaient bien bu, et rire de ces « histoires de peur » racontées par les vieilles, quand il s'agissait du loup-garou, un petit frisson leur parcourait l'échine. Et sans le dire, des hommes et des jeunes gens, rentrant la nuit d'une veillée dans un village voisin, évitaient les fermes où veillaient des chiens noirs. On n'était jamais trop sûr...
Aussi les parents surveillaient les jeunes qui dansaient dans les veillées, les filles surtout, de crainte qu'elles ne s'amourachent d'un « bambocheur* », d'un garçon qui risquait sa vie éternelle en blasphémant, et pire : en négligeant de faire ses pâques !
Les pratiques religieuses tenaient une grande place dans la vie des gens et les curés ne se gênaient pas pour promettre l'enfer aux hommes et aux femmes qui négligeaient leurs devoirs de religion. Et pourtant, un jour Firmin Jambette eut l'occasion de voir de près un loup-garou. Ce fut à l'occasion d'un mariage.
Dans le village, une jeune fille nommée Catherine Miquelon était arrivée à l'âge de se marier. Les prétendants ne manquaient pas.
Et voici que, pendant le carnaval, elle assista avec ses parents à une fête de famille chez des parents de l'autre côté du fleuve.
Et là, elle reçut les attentions d'un jeune homme de Cap-Santé, un garçon du nom de Misael, qui la fit danser dix fois plutôt qu'une. Lors du réveillon, assis en face d'elle, il lui proposa :
- Après la fête, si vous le voulez bien, je vous raccompagnerai chez vous. J'ai un beau petit cheval bai et ma carriole fraîchement repeinte.
Catherine donna son accord en ajoutant :
- Si mes parents le veulent bien, je viendrai avec vous.
Et la fête finie, la carriole blanche attelée au beau petit cheval bai suivit les autres qui traversaient le fleuve sur le pont de glace. La route était balisée d'épinettes* et la glace était épaisse. Et le cheval connaissait son chemin si bien que Misael avait tout le loisir de courtiser la belle Catherine et de la protéger du vent avec la grosse peau d'ours. Il fallait entendre, en plus du son des grelots de cuivre de l'attelage, le trot rapide des chevaux et le chant des lisses d'acier sur la route sonore. Le voyage sur le fleuve ne parut pas long et comme l'époque était aux réjouissances au milieu du carême, Misael resta à la ferme pour enterrer le mardi gras avec sa nouvelle amie. C'est à la veillée que Firmin Jambette rencontra le « nouveau » et devint son ami.
Et au bout d'un an, ne soyons pas surpris, on annonça les fiançailles de Catherine et de Misael.
Nous étions donc arrivés à la veille du mariage. Le troisième ban avait été publié du haut de la chaire. Le promis était arrivé chez sa future avec son garçon d'honneur, son père et plusieurs de ses amis. Chacun se disputait le plaisir de les héberger. Ils commencèrent par célébrer la mariée et se rendirent donc, le violoneux en tête, chez le père Miquelon. Ils venaient dire un tendre adieu à la jeune fille et lui faire des souhaits qui jetteraient un peu de trouble dans son cœur ! Les noces allaient être joyeuses : elles commençaient si bien ! Les violons vibraient sous le crin rude des archets. Les danses faisaient entendre au loin leurs mouvements rythmés comme si les pieds retombant en mesure sonnaient comme les fléaux des batteurs de grain. Or, pendant que le rire s'épanouissait comme un rayonnement sur les figures animées et que les refrains allègres se croisaient comme des fusées dans l'atmosphère chaude, le premier coup de minuit sonna. Le « marié » s'esquiva sournoisement. Il sortit de la maison.
Minuit ! C'était l'heure du départ. Les violons se turent. Le garçon d'honneur s'avança alors dans la foule et demanda :
- Le marié est-il ici ? Il faut qu'il me suive : il est encore mon prisonnier. Demain une jolie fille le délivrera.
Ce fut alors un éclat de rire. Puis, après un moment, l'un des convives dit qu'il l'avait vu sortir, tête nue, au coup de minuit, par la porte de derrière.
On attendit quelques instants puis le garçon d'honneur entrouvrit la porte et jeta un coup d'œil au dehors. Il ne vit personne. Il sortit. Au bout d'un quart d'heure, il revint, seul.
- C'est singulier, remarqua-t-il.
- L'avez-vous appelé ? demanda Firmin.
- Oui, mais sans succès comme vous le voyez.
Catherine, la future, devenait inquiète.
- Il va rentrer, disait-on. Il ne peut rien lui arriver de fâcheux la veille de ses noces ! Et en plus, il est sorti sans chapeau !
- Qui sait ? un étourdissement ... une chute...
Tous les hommes se mirent à chercher. Ils cherchèrent dans la grange, sur le foin, dans la tasserie*, dans les crèches, partout. Une heure sonna et Misael n'était pas revenu. Des femmes se mirent à pleurer. Catherine était pâle et une horrible angoisse lui serrait le cœur. Firmin, qui cherchait son ami dans une remise, pensa soudain qu'il était peut-être allé à l'écurie où se trouvait le jeune cheval bai dont il était si fier. Il s'y rendit et comme il levait le crochet de fer qui tenait la porte fermée il entendit marcher derrière lui sur la neige. Il crut d'abord que c'était quelqu'un de la noce. Il se retourna pour l'interpeller. Et dans la noirceur que le sol couvert de neige éclairait un peu, il vit venir vers lui une bête de la taille d'un gros chien. Elle était noire avec des yeux rouges flamboyants qui éclairaient comme des lanternes. Il resta là, figé de peur, incapable de bouger.
L'animal s'avançait vers lui et le regardait. Puis, il ouvrit sa gueule et montra des crocs menaçants. Firmin ressentait une peur épouvantable ; il se dit qu'il allait être dévoré par ce loup affamé et que c'en était fait de sa vie.
Mais l'instinct de conservation lui revint tout à coup ; il fit sauter le crochet de fer et entra dans l'écurie. Le loup entra à sa suite. Firmin fit le signe de la croix et, malgré sa peur, il sortit son couteau de sa poche et s'apprêta à défendre sa vie, coûte que coûte.
L'animal se dressa et lui mit ses pattes velues sur ses épaules tandis qu'il allongeait, comme pour le mordre, son museau pointu d'où s'exhalait un souffle brûlant. Firmin frappa. Le couteau atteignit l'épaule du loup et fit couler le sang. Aussitôt la bête disparut et un homme blessé à l'épaule surgit on ne sait d'où.
- Vous m'avez délivré, fit l'homme.
Et à ce moment, Firmin reconnut Misael !
- Comment, Misael, c'est vous ?
- Oh ! n'en dites rien, s'il vous plaît !
- Vous courez le loup-garou ? Qui aurait pensé cela ! s'écria Firmin.
Et, reprenant ses esprits, il pensa à la noce, à Catherine. Allait-elle donc épouser un mécréant qui n'avait pas fait ses pâques depuis plus de sept ans ? Il ne savait plus quoi faire et que penser quand Misael dit à voix basse :
- Je vais aller à confesse demain, je le jure. Ne dites rien, je promets de changer de vie. Je serai un bon chrétien à l'avenir.
- Le jurez-vous ? fit Firmin.
- Je le jure !
- Si vous ne tenez point votre parole, je dirai tout ! dit Firmin. Et le mariage n'aura pas lieu.
- C'est promis.
Pendant ce temps, dans la maison du père Miquelon, la plupart des hommes étaient rentrés. Ils causaient à voix basse comme auprès d'un mourant. Tout à coup, la porte s'ouvrit et le « marié » parut. Il était livide. Du sang coulait le long de son bras et tombait goutte à goutte du bout de ses doigts glacés. Firmin le suivait sans dire un mot avec un visage blême et l'air hébété d'un homme qui ne sait pas s'il dort ou s'il veille.
- D'où viens-tu, Misael ? Que t'est-il donc arrivé ? demanda le garçon d'honneur.
Assez gauchement, il dit :
- J'avais senti un malaise et je suis sorti pensant que l'air froid me ferait du bien. Je suis tombé sur la glace et me suis blessé à l'épaule. J'ai dû perdre connaissance...
Firmin le regardait avec des yeux animés. Il laissait voir, par des signes de tête et des haussements d'épaules, qu'il en connaissait long. Mais il ne dit rien. On pansa la blessure. On aurait dit un coup de couteau. Il y a des glaçons qui tranchent comme un poignard.
On but une dernière rasade et chacun alla se coucher.
Le lendemain les cloches carillonnèrent pour le mariage de Catherine et Misael. Avant de se présenter à l'autel, Misael passa par le confessionnal sous l'escorte de Firmin. Il y resta longtemps.
Ce fut une belle noce. Tout le monde dansa à la santé des nouveaux époux. Et Firmin Jambette garda son secret pour lui tout au long de sa vie. Ce n'est que sur son lit de mort qu'il raconta cette histoire de loup-garou.



À Saint-Lazare-de-Bellechasse existe un rocher où le diable y aurait, paraît-il, laissé des traces. Là-bas, tout le monde pourra vous raconter cette légende datant de 1820. Elle est même devenue la chanson-thème d'un festival.

Photo: Yves Rouillard - Photo Nature 2002
C'était l'époque où les femmes, souvent recluses à la maison à cause de leur progéniture nombreuse, avaient peu de divertissements. Le passe-temps préféré était souvent les chicanes de voisins. Comme il n'y avait pas de télévision, pas de radio, c'était désennuyant de se chicaner* un peu. Ce n'était pas méchant, mais les gens avaient tendance à se tirailler pour toutes sortes de raisons, ce qui a entraîné bien des procès pour des piquets de clôture. Et madame Therrien comme madame Comeau (noms fictifs) respectaient bien la tradition...
Un dimanche matin, alors que le reste de la famille était partie à la messe, madame Comeau décida d'aller cueillir des bleuets. Dans cette région, les bleuets poussent en abondance et n'ont rien à envier à ceux du Lac Saint-Jean. Elle amena avec elle son bébé de quelques mois qu'elle attacha solidement sur son dos, puis traversa la clôture où les bleuets semblaient plus gros et plus abondants.
Madame Therrien, qui la vit venir, sortit aussitôt et l'invectiva haut et fort:

- Que fais-tu là ?
- Je suis venue cueillir des bleuets.
- Mais ils ne sont pas à toi ces bleuets-là !
- Ils sont à moi autant qu'à toi ce sont des bleuets sauvages. C'est le Créateur qui les a mis là.
- Aie ! C'est du vol ça ! Tu es une maudite voleuse !

Elles commencent à se crier des noms* . Puis madame Comeau de clore la discussion en criant:

- Va donc chez le diable !
Apparut alors une créature immonde, aui n'était ni homme, ni bête.
- Vous m'avez appelée Mesdames ?
Les deux dames restaient pétrifiées. Puis, après de longues minutes, madame Comeau réagit enfin et dit à sa voisine.
- Vite, viens-t'en ici! Accrochons-nous à mon bébé. Il est pur, lui, et le diable n'a aucune emprise sur lui. C'est le seul moyen de nous sauver !
Elles ont toutes les deux enserré le bébé dans leurs bras.
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Eanor

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MessageSujet: Re: mythes et legendes   mythes et legendes EmptyMar 14 Juin - 22:07

merci fender!
Question culture, ça aide! Mais il faut surtout faire attention à la symbolique des contes et légendes, c'est surtout ça qui compte, ne l'oublions pas. Il n'y a jamais de fumée sans feu.
Bises,
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